Avant l’atelier

La philo pour toi c’est – un peu, – beaucoup, – à la folie, – passionnément ? Comment l’intègres-tu dans ta vie ?

  • Depuis quelques années, notamment depuis la barre fatidique de mes 40 ans (aïe !), je cherche à être plus conscient, plus alerte en rapport à l’interprétation des événements extérieurs et intérieurs. En cela, la philosophie est pour moi un outil précieux en intercalant ce petit décentrage, cette prise de recul essentielle à la recherche d’une « vie bonne ». La philo pour moi, c’est donc « beaucoup » quand elle nous aide à vivre mieux et « peu » quand elle se perd dans les méandres de la complexité, qu’elle peut d’ailleurs elle-même autogénérer. 

Quel livre de philosophie est susceptible d’avoir transformé ta vie ?

  • Les livres de philosophie qui ont le plus transformé ma vie sont ceux… d’astronomie ! Lorsque l’on pense aux quelques constantes fondamentales qui gouvernent nos lois physiques, et qu’un pouième de millième de micro chose de différence ne permettrait pas (selon nos connaissances) à la vie d’éclore, il y a de quoi s’émerveiller et philosopher.

La pratique de l’attention, tu t’y frottes souvent ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

  • Je n’y accorde pas assez de temps à mon goût et lorsque je m’y frotte, c’est principalement dans un format court, de quelques minutes. Pourtant, je reconnais toutes ses vertus. Pour moi, la pratique de l’attention est toujours bénéfique, que ce soit pour soi ou dans le cadre d’un atelier SEVE. 

Qu’est-ce qui t’a amené à SEVE ?

  • J’ai assisté fin 2016 à la conférence de Frédéric Lenoir à Genève durant laquelle il a introduit le concept de SEVE. Quelques mois après, je m’inscrivais, avec peu d’espoir d’être accepté, ne venant pas du milieu de l’éducation. Être accueilli à bras ouverts fut un honneur que je pris avec responsabilités. Mes motivations, outre les arguments amenés par l’association, étaient le constat selon moi que l’école manque d’actionner des bons outils essentiels pour permettre à nos enfants, déjà, de moins s’ennuyer en classe, puis, de penser ‘mieux’.  

As-tu des rituels de préparation à la conduite d’une animation d’atelier SEVE ?

  • J’aime arriver préparer à un atelier. Quelques jours avant, je travaille mon introduction en fonction de comment s’est passé l’atelier précédent. Je peux ainsi inviter les enfants à rappeler le pourquoi de ma présence, les règles, ce qu’on cherche à travailler. Puis, j’aime avoir sous la main les questions de relance, je les prépare donc en amont durant une quinzaine de minutes, même si souvent, je ne les regarde plus dans le feu de l’action. Au moins, elles sont là au cas où. Ce rituel de préparation est pour moi à la fois rassurant et un gage de sérieux vis-à-vis de la tâche qui m’est confiée.

Est-ce que tu as un livre qui t’aide ou t’a aidé pour conduire les ateliers ?

  • Au début, je regardais régulièrement les fiches de travail du livre de Frédéric Lenoir ‘Philosopher et méditer avec les enfants’, ainsi que mes supports de cours de formation. Rapidement, je suis passé à internet et j’explore ce que je trouve sur les thématiques que je souhaite aborder. Je trouve parfois ainsi des extraits d’histoire pour enfants et je les emmène avec moi au cas où. J’essaye aussi de répondre moi-même, sans support, à la question de départ. 

Est-ce que tu prépares différemment tes ateliers en fonction des âges ? Si oui, comment ?

  • Absolument, ne serait-ce que pour la complexité de la thématique, la question de départ, les questions de relance. Je trouve important d’être ‘à propos’ et en harmonie avec non seulement l’âge, mais les préoccupations des enfants. Philosopher ensemble, c’est savoir aussi ‘problématiser’ et ce, en rapport à ce qui peut être la réalité de leur vie. Ce n’est pas un exercice si facile car on peut finalement faire des hypothèses sur ce qui intéresse les enfants d’un certain âge et se tromper, mais essayer d’être en cohérence avec l’âge des enfants me semble essentiel.  

Qu’est-ce que tu redoutes le plus avant de débuter un atelier ? Comment gères-tu cette peur ?

  • Plus je pratique, plus je me sens à l’aise et légitime. Si du temps s’écoule entre une série d’ateliers, je vais avoir un peu d’appréhension à reprendre, est-ce que je saurai bien gérer toutes les exigences qui incombent à l’animateur SEVE ? Pour remédier à cette appréhension, j’essaye de bien me préparer. Je contacte bien les enseignants en amont, j’écris mes questions de relance, je visualise l’atelier.  J’ai remarqué que les jours qui précédent un atelier, j’ai tendance à augmenter des petites pratiques express de l’attention. 

Qu’est-ce qui te motive à animer un atelier ?

  • Je m’estime privilégié en tant que non-enseignant de pouvoir pénétrer l’enceinte d’une classe et pouvoir y apporter une prestation telle qu’un atelier SEVE. Je trouve cet exercice profondément utile à la société, pour les raisons que l’on connait bien (développer les habilités de pensées, l’écoute, la résistance aux dogmes, etc…). Cet espace protégé durant lequel on peut dialoguer, sans crainte, ni volonté de transmettre un cours magistral, est un cadeau, à la fois bien sûr pour les enfants, mais aussi pour les adultes qui font partie de l’aventure, tels que l’enseignant(e) et l’animateur.

Quel(s) matériel(s) préfères-tu utiliser pour l’animation et pour quelles raisons ?

  • J’aime personnellement la sobriété de l’absence de matériel. J’ai le sentiment alors d’être au cœur du concept du dialogue philosophique par le questionnement. Evidemment, je ne rejette aucunement l’idée du matériel en support, au contraire, j’en ai déjà utilisé beaucoup, des images, des histoires. J’en garde aussi souvent sous la main, elles peuvent être très utiles, surtout avec les plus petits. Ainsi, à une époque, je mettais trois images thématiques dans un chapeau et je faisais piocher ces images par les élèves. Aussi, j’ai déjà utilisé un bâton de parole pour canaliser l’attention. L’utilisation de matériel ou non est finalement très sujette au ressenti de l’animateur et au besoin de la classe dans laquelle il évolue. 

Pendant l’atelier

A quoi es-tu particulièrement vigilant.e dans le déroulement d’un atelier ?

  • Une vigilance multiple fait partie des grandes attentes de l’animation d’un atelier SEVE. J’aime personnellement discuter, en introduction avec la classe, le pourquoi de l’atelier, ce qu’on cherche à travailler. Puis, j’essaye d’avoir systématiquement un temps, même court, pour les retours, que ça soit pour la pratique de l’attention, du dialogue ou de l’atelier dans son entièreté. Lors du dialogue philosophique, je vais être vigilant à essayer de problématiser les propos de manière à ce qu’on s’extirpe de la simple définition, parfois redondante et envahissante en terme de temps.  Maintenant, ce qui reste pour moi avant tout essentiel et où j’espère apporter beaucoup d’attention, est l’accueil bienveillant de la parole de l’enfant. C’est très appréciable d’entendre après coup de l’enseignant(e), qu’un enfant, habituellement très silencieux, a pu exprimer ses arguments et que sa parole fut valorisée.

Comment se passe la collaboration avec les enseignants ? Comment la vis-tu? 

  • Avec les années et les retours d’expérience, je pense qu’on comprend de mieux en mieux le rôle essentiel de l’enseignant(e) dans le cadre d’un atelier SEVE. Non dans l’intervention durant l’atelier, mais dans tout ce qui l’entoure, sa préparation, sa compréhension, son observation, son adhésion, la suite. Le rôle de l’enseignant(e) est clé. De mon côté, j’essaie d’être déjà prévenant en donnant des informations en amont des ateliers, par email, par téléphone, en organisant une visite sur place, en proposant un café. On échange sur les spécificités de la classe, le but de la démarche. Puis, je sollicite des retours. Certaines fois, ce n’est pas possible sur place, alors, on le fait à un autre moment, en décalé. Les enseignants se sentent, bien légitiment, ‘responsables’ de leur classe et peuvent ‘avoir la pression’. Bien chercher à les accompagner dans ce que fait SEVE et ce que peut être l’après SEVE me semble fondamental. 

Les agités ou récalcitrants, comment tu t’y prends ?

  • Je ne vais pas chercher spécialement à faire intervenir les enfants silencieux. Je vais de temps en temps leur envoyer un regard, que j’espère bienveillant, pour qu’ils se sentent comme faisant partie de ce qui se passe. Après quelques ateliers, je vais peut-être leur parler directement en douceur pour les inviter à intervenir tout en rappelant le droit au silence. 
  • Pour les agités, les ‘gérer’ fait partie de la complexité de la gestion d’un groupe. Un regard, une remarque que je souhaite calme, suffit souvent à tempérer les ardeurs de certain(e)s. Je les invite parfois à s’exprimer dans le dialogue ce qui refocalise leur énergie débordante. Plus rarement je peux lancer un regard à l’enseignant(e) pour qu’il/elle intervienne mais généralement à ce stade, il/elle est déjà intervenue de sa propre initiative.

Quel a été ton pire atelier et comment t’en es-tu sorti-e ?

  • J’ai le souvenir d’un seul atelier que j’ai dû écourter tant la classe était dissipée. Il peut arriver qu’un groupe soit un peu agité, ou que l’on soit soi-même moins bien disposé. Rien de bien méchant très souvent et un petit rappel à l’ordre suffit. Je pense qu’il nous faut savoir dédramatiser et approcher cela avec bienveillance. La réussite d’un atelier fait appel à de nombreux facteurs dont tous ne sont pas entre les mains de l’animateur. Parfois, j’ai eu des classes dites ‘taiseuses’ ou quelques soient les questions de relance, elles ne trouvaient que peu d’écho. Bon. Peut-être que c’était moi, peut-être que c’était eux, si cela arrive, je ne m’en offusque pas trop et tente d’en tirer le meilleur parti pour le prochain atelier

Quelles sont les difficultés les plus récurrentes auxquelles tu dois faire face ?

  • En ce moment, j’ai une classe qui offre une très belle qualité de silence lors de la pratique de l’attention. C’est très appréciable et facilite grandement l’exercice. Mener une pratique de l’attention est pour moi la partie délicate de l’atelier SEVE car elle n’a pas vocation à s’interrompre facilement. 

Comment penses-tu que SEVE puisse t’accompagner face à ces difficultés ?

  • En ce qui concerne la pratique de l’attention, la pratique personnelle et l’expérience sont déjà d’excellentes méthodes pour progresser. Aussi, l’offre de formation continue de SEVE est large et permet d’aborder ces problématiques. La communauté SEVE est aussi facilement accessible et échange volontiers, en direct ou via la plateforme SEVE. 

Est-ce que tu as déjà eu recours à la formation continue ? Si non, pour quelles raisons ?

  • Oui. Déjà, c’est un prérequis annuel pour les animateurs certifiés afin de pouvoir continuer à être mandaté par SEVE. Ensuite, leur diversité et fréquence offre vraiment de quoi se faire plaisir et se perfectionner. 

Peux-tu nous décrire un de tes plus beaux moments en atelier SEVE ?

  • L’effet ‘waouh’ du progrès des enfants grâce à la répétions des ateliers. Je pense par exemple à un 8ème atelier au sein d’une même classe. Kilian, 9 ans, me répond ‘Je vais répondre à ta question, mais d’abord, j’aimerais répondre à Luca. Luca, petit un…, petit deux…’. Entre la prise de parole urgente pour partager des anecdotes personnelles des premiers ateliers, et la capacité toute bienveillante de rebondir sur plusieurs questions en même temps, quelques ateliers plus tard, il y a eu un progrès qui m’a fait réaliser à quel point ‘SEVE, ça marche’. 

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans l’animation d’atelier SEVE ?

  • Beaucoup de choses évidemment mais si je devais résumer en deux mots : susciter l’enthousiasme.

Après l’atelier

Après un atelier as-tu un rituel ?

  • J’aime écrire un bref retour personnel sur l’atelier, en essayant d’identifier ce qui est susceptible d’intérêt et/ou d’amélioration. Je le fais généralement le plus tôt possible, dans la foulée, histoire que cela reste frais. Dans la même logique de continuité, j’essaie si j’ai le temps, de préparer le prochain atelier au même moment.

Est-ce que tu débriefes avec quelqu’un de tes ateliers (famille, ami, pair) ?

  • Ce qu’on vit lors d’un atelier peut être relativement intense, émouvant, ou même parfois simplement drôle. Dans le respect de la confidentialité, je partage souvent avec ma famille, voir je continue les sujets des dialogues avec eux !

Comment pourrais-tu décrire ton évolution en tant qu’animateur.trices d’atelier philo ?

  • J’ai pris confiance et je suis OK avec l’idée d’imperfection. Au fil du temps, je suis passé de thématiques plus générales et conceptuelles, à des notions plus proches de ce qui peut intéresser les enfants, notamment en m’intéressant à ce qu’un groupe peut avoir spécifiquement envie de parler. 

Selon toi, quelles sont les qualités nécessaires pour animer des ateliers ?

  • Evidemment il y a la bienveillance, l’écoute, et de manière générale tout ce qu’on travaille en formation. Il est cela dit capital pour moi de savoir « se décentrer », et rester alerte à ce qui se passe sur le moment. Il s’agit d’être là et bien là, pour servir un but dont les enfants sont avant tout les premiers bénéficiaires, et dont l’animateur est un facilitateur. 

Nous avons tous notre vie à côté de SEVE, nous pouvons être pris par le travail, la fatigue, la vie de famille, des expériences d’animation difficiles… As-tu déjà pensé te retirer ? Si oui, qu’est-ce qui t’a aidé à poursuivre ?

  • SEVE en soi ne met pas de pression aux animateurs pour animer. On peut donc tout à fait exprimer ses disponibilités…ou non. Il n’y a pas d’obligation, se retirer n’est donc en soi pas nécessaire. Maintenant, il se peut qu’après un temps sans animer, on perde confiance en ses capacités. Probablement à ce moment-là, une petite formation continue peut aider à regagner confiance et à approcher sereinement la reprise.

Quel message as-tu envie de faire passer aux enfants et aux adolescents ?

  • Vous êtes parfaits. Faites-vous confiance.

Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner aux animateurs.trices d’ateliers SEVE?

  • Vous êtes aussi parfaits. Faites-vous aussi confiance.  

Aimerais-tu terminer l’interview en mentionnant quelque chose qui te tient à cœur ?

  • Merci à SEVE. Merci de permettre cette parenthèse enchantée et utile dans la vie des enfants et des adolescents. Merci de permettre une formation d’une telle qualité, et de l’ouvrir à tous ceux qui sont prêts à porter ses valeurs. Merci aux partenaires qui accordent et renouvellent leur confiance. Merci aux employés et bénévoles de l’association sans qui, rien ne serait possible. Merci aux co-fondateurs qui ont eu le courage de se lancer dans une telle aventure. Merci aux enfants d’être si enclins à résoudre toutes ces questions philosophiques compliquées qu’on leur amène sur un plateau. L’aventure SEVE est belle, continuons là. 

Avant l’atelier

La philo pour toi c’est – un peu, – beaucoup, – à la folie, – passionnément ? Comment l’intègres-tu dans ta vie ?

  • C’est beaucoup ! Sans vouloir être pompeux, je crois que je l’intègre presque à tout moment de ma vie. Je trouve qu’il y a, en permanence, des sujets, des objets et des expériences dignes d’être considérés philosophiquement. Et très souvent, je ne peux m’empêcher de le faire, car j’ai le sentiment que je dois trouver ma juste place face à ceux-ci. Si je ne le fais pas, je me sens en déséquilibre, en « désancrage », et cela peut s’avérer inconfortable. Michel Onfray écrivait ceci dans son livre Théorie du corps amoureux : « La vie philosophique oblige à l’essai – pas forcément à la réussite – d’une mise en conformité des propos théoriques et des comportements pratiques. ». J’aime l’humilité de cette phrase. Me représenter ma vie comme un laboratoire, comme un terrain d’expériences à penser et à expérimenter, sans pression de réussir, me paraît tout à fait juste.

Quel livre de philosophie est susceptible d’avoir transformé ta vie ?

  • La puissance d’exister, de Michel Onfray. Ce livre m’a ouvert la porte de la philosophie.

La pratique de l’attention, tu t’y frottes souvent ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

  • Je m’y frotte tous les jours depuis plus de 7 ans. Si je devais résumer ce que cela m’apporte, je dirais : « l’amour de ce qui est. » La méditante et enseignante Anne Michel dit avec justesse : « L’effort sage n’est pas de changer quoi que ce soit, mais de maintenir tranquillement, avec résolution et détermination, la relation consciente à l’instant. »

Qu’est-ce qui t’a amené à SEVE ?

  • La conjonction de ma passion pour la philosophie, la méditation et l’éducation des enfants.

As-tu des rituels de préparation à la conduite d’une animation d’atelier SEVE ?

  • Oui. Pour la préparation du dialogue philosophique, je m’inspire d’abord du contenu des livres de pratique de la philosophie avec les enfants.  Je prépare ensuite une fiche contenant toutes les définitions, les critères, les questions de relance, etc., susceptibles de m’être utiles pendant l’atelier. Pour la pratique de l’attention, j’improvise de plus en plus en fonction de la façon dont je sens les enfants avant le début de l’atelier.

Est-ce que tu as un livre qui t’aide ou t’a aidé pour conduire les ateliers ?

  • Il y en a toujours plusieurs, mais ceux que je trouve particulièrement inspirants sont issus de la collection La Philo 100% Ado, de Yves Michaud.

Est-ce que tu prépares différemment tes ateliers en fonction des âges ? Si oui, comment ?

  • Oui. J’adapte le niveau de complexité (profondeur) des questions de relance en fonction du public. Et évidemment, les questions choisies et les thèmes ne sont pas les mêmes.

Qu’est-ce que tu redoutes le plus avant de débuter un atelier ? Comment gères-tu cette peur ?

  • Que le questionnement tourne en rond, qu’il stagne ! Je le gère par la préparation, en prévoyant suffisamment de questions de relance et d’orientations possibles du dialogue, afin d’arriver à diversifier au maximum les angles de traitement de la question.  

Qu’est-ce qui te motive à aller animer un atelier ?

  • Tout ! Les enfants, leurs yeux qui brillent, les sourires, leur énergie, leur spontanéité, leur innocence, leurs idées, la transmission, la philosophie, la pratique de l’attention, les interactions, la relation avec eux (et avec les enseignant-e-s lorsqu’il y en a), etc.

Quel(s) matériel(s) préfères-tu utiliser pour l’animation et pour quelles raisons ?

  • Je n’utilise pas beaucoup de matériel. Chaque fois, je prépare une « belle » affiche sur laquelle la question est écrite. Je mets cette affiche dans un cadre photo, que j’installe au centre du cercle d’enfants, afin qu’ils puissent en tout temps s’y référer.

Pendant l’atelier

A quoi es-tu particulièrement vigilant.e dans le déroulement d’un atelier ?

  • Au respect des personnes et à l’évolution du raisonnement philosophique.

Les agités ou récalcitrants, comment tu t’y prends ?

  • Cela dépend de la manière dont leur agitation s’exprime. J’essaie d’abord (très rapidement) de comprendre ce qui les agite. J’adapte ensuite au mieux les moyens de contenir cette agitation ou de m’en servir pour faire évoluer l’atelier dans les meilleures conditions.

Quel a été ton pire atelier et comment t’en es-tu sorti-e ?

  • C’était au moment de ma dernière observation, lors de ma Certification. Je m’en suis sorti en restant le plus calme et bienveillant possible, tout en ne me mettant pas la pression de « devoir faire l’atelier comme il se doit d’être fait » – c’est-à-dire avec une bonne pratique de l’attention et un dialogue philosophique riche. Il faut relativiser les choses : on ne fait pas des opérations à cœur ouvert dans SEVE ! C’est normal qu’il y ait des animations qui, pour X, Y, Z raisons, n’aillent pas tout à fait dans le sens que nous l’imaginions au départ, et ce, même si, sur papier, tout a été pensé et fait pour que cela se passe bien. Il y a des contingences qui sont totalement hors de notre contrôle. Je pense qu’il faut rester humble face à ce genre de situation : humble envers nous-même, les enfants et les enseignant-e-s. A la fin d’un atelier qui s’est avéré trop catastrophique à mon goût, je me pose la question suivante : quelle a été ma posture dans le torrent ? Si les mots « calme », « bienveillant », « aimant », « attentif » et/ou « juste » me viennent à l’esprit, je considère que tout le reste est accessoire.  

Quelles sont les difficultés les plus récurrentes auxquelles tu dois faire face ?

  • La gestion du contenu (trop volumineux) dans le temps (trop court) qui m’est imparti.

Est-ce que tu as déjà eu recours à la formation continue ? Si non, pour quelles raisons ?

  • Oui, dans le cadre de la Certification.

Peux-tu nous décrire un de tes plus beaux moments en atelier SEVE ?

  • Lors d’un atelier sur les questions de genre, un enfant a réalisé qu’il ne se sentait pas appartenir à un genre plus qu’à l’autre. J’ai trouvé beau ce moment de révélation, et d’autant plus beau le respect avec lequel les autres enfants ont accueilli cette révélation, qui s’est vécue dans une sorte d’intimité de groupe très intense.

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans l’animation d’atelier SEVE ?

  • La personnalité propre à chaque groupe ainsi que le fait de voir évoluer les idées des enfants au fil du dialogue philosophique.

Après l’atelier

Après un atelier as-tu un rituel ?

  • Je fais une pratique de l’attention pendant laquelle je suis attentif aux émotions que j’ai en moi à la suite de l’atelier. Si ces émotions sont agréables, je suis reconnaissant et tente de comprendre ce qui a causé cela. Si ces émotions sont désagréables, j’essaie de faire preuve de reconnaissance et tente de comprendre ce qui a causé cela. L’idée pour moi est de faire cela (autant que possible) dans la vulnérabilité et l’humilité. Si je peux apprendre quelque chose de cette expérience et que cet apprentissage peut induire un travail direct en moi, c’est encore mieux.

Est-ce que tu débriefes avec quelqu’un de tes ateliers (famille, ami, pair) ?

  • Un peu avec mes collègues (car mes ateliers sont réalisés dans le cadre de mon travail) et avec ma conjointe.

Comment pourrais-tu décrire ton évolution en tant qu’animateur.trices d’atelier philo ?

  • Il reste beaucoup à apprendre, mais je crois que je suis sur une bonne voie. 😊

Selon toi, quelles sont les qualités nécessaires pour animer des ateliers ?

  • Bienveillance (on ne le dira jamais assez…), calme, cohérence, attention, discernement et raisonnement.

Nous avons tous notre vie à côté de SEVE, nous pouvons être pris par le travail, la fatigue, la vie de famille, des expériences d’animation difficiles… As-tu déjà pensé te retirer ? Si oui, qu’est-ce qui t’a aidé à poursuivre ?

  • J’ai la chance de pouvoir réaliser mes ateliers dans le cadre de mon travail, à la bibliothèque de Rolle & environs. Les ateliers SEVE sont ainsi intégrés à mon travail. La tentation de me retirer est donc très loin de moi.

Quel message as-tu envie de faire passer aux enfants et aux adolescents ?

  • Qu’ils ont chacun un rôle à jouer dans la vie et qu’ils doivent sérieusement le jouer sans esprit de sérieux !

Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner aux animateurs.trices d’ateliers SEVE?

  • Soyez présents aux enfants à tout moment, c’est eux qui construisent l’atelier, pas vous. Vous leur donnez les pierres, ils construisent le mur.

Aimerais-tu terminer l’interview en mentionnant quelque chose qui te tient à cœur ?

  • J’aimerais dire BRAVO à toutes les personnes qui mettent leur cœur dans SEVE, de près comme de loin.

Avant l’atelier

La philo pour toi c’est – un peu, – beaucoup, – à la folie, – passionnément ? Comment l’intègres-tu dans ta vie ?

  • J’ai découvert la philosophie plutôt tard dans mon parcours mais j’ai vite compris qu’elle faisait partie de ma vie depuis toujours.  Pour moi c’est une façon de regarder le quotidien avec les yeux grands ouverts et beaucoup de curiosité.

Quel livre de philosophie est susceptible d’avoir transformé ta vie ?

  • Il n’y a pas un livre en particulier mais plutôt des phrases qui restent imprimées dans mes pensées.

La pratique de l’attention, tu t’y frottes souvent ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

  • Parfois c’est un simple moment de repos, de calme ou d’apaisement ; d’autres fois un moment de régénération, comme une pompe à essence d’énergie et une façon de reconnecter à l’essentiel.

As-tu des rituels de préparation à la conduite d’une animation d’atelier SEVE ?

  • Je relis mes notes avec le décorticage de la question philosophique, je vérifie le matériel que je pourrais utiliser en imaginant le groupe. Puis, juste avant, c’est la pratique de l’attention qui m’aide à me recentrer sur mes intentions et à laisser place à l’intuition du moment.

Est-ce que tu as un livre qui t’aide ou t’a aidé pour conduire les ateliers ?

  • Je prends inspiration de tout (livres, internet), je m’amuse à personnaliser et à inventer à mon goût. J’apprécie les précieux échanges d’expérience avec mes collègues SEVE.

Est-ce que tu prépares différemment tes ateliers en fonction des âges ? Si oui, comment ?

  • La formulation des questions, le langage, les objectifs pédagogiques sont différents. Pour les petits j’utilise des images, des cartes « d’accord » / « pas d’accord » ou des petites histoires ; pour les grands j’utilise les cartes mentales ou des fiches avec les habiletés de pensée. Chaque cycle d’ateliers est diffèrent et les instruments s’adaptent aux besoins du groupe, en fonction de son évolution.

Qu’est-ce que tu redoutes le plus avant de débuter un atelier ? Comment gères-tu cette peur ?

  • Je redoute le premier atelier. Il faut être prêt.e à s’adapter à la configuration du lieu, gérer le temps, les éventuelles attentes de l’éducateur-trice et la dynamique du groupe. Pour cela, je prends contact avec l’éducateur.trice avant de commencer un cycle d’ateliers et je prépare l’atelier de façon plus approfondie. Mais ça va beaucoup mieux à partir du deuxième atelier.😊

Qu’est-ce qui te motive à aller animer un atelier ?

  • La conviction que l’éducation est l’instrument privilégié pour tous changements, que notre qualité de présence change la qualité de nos relations et que la sagesse est une graine que chacun peut cultiver quotidiennement. Tout cela je l’ai retrouvé dans SEVE.

Quel(s) matériel(s) préfères-tu utiliser pour l’animation et pour quelles raisons ?

  • Les images pour les petits, ou des petites histoires, je trouve que ça les aide à se focaliser et à sortir des anecdotes personnelles. La boule à neige pour expliquer la pratique de l’attention. Pour les grands, j’aime utiliser des fiches avec les habiletés de pensée, ça permet de leur apprendre à les reconnaître et aller plus loin en devenant eux-mêmes observateurs du dialogue.

Pendant l’atelier

A quoi es-tu particulièrement vigilant.e dans le déroulement d’un atelier ?

  • À ce que chacun-une ait l’opportunité de parler et qu’il-elle soit respecté-e pour son intervention.

Les agités ou récalcitrants, comment tu t’y prends ?

  • Je les invite à faire l’expérience d’un atelier, je leur donne des rôles, je leur demande leur retour à la fin d’atelier (comme pour les autres) et je les écoute attentivement pour comprendre ce qui pourrait les motiver ou les aider.

Quel a été ton pire atelier et comment t’en es-tu sorti-e ?

  • Un atelier où je n’ai pas pu poser la question philosophique tant les participants étaient agités et distraits. Nous en avons profité pour parler de l’attention.

Quelles sont les difficultés les plus récurrentes auxquelles tu dois faire face ?

  • Gérer l’attention du groupe de façon à ce que les participants-tes puissent alimenter l’échange d’opinions malgré l’envie de bouger, de faire rigoler les autres ou les distractions.

Comment penses-tu que SEVE puisse t’accompagner face à ces difficultés ?

  • Avec la formation continue et les échanges d’expérience.

Comment se passe la collaboration avec les enseignants ? Comment la vis-tu ?

  • En général très bien. Leur présence, même sans intervenir activement, est importante pour les enfants. L’atelier leur offre l’opportunité de les connaître différemment et ils-elles peuvent nous informer sur les changements de dynamique du groupe ou d’attitude des participants.

Est-ce que tu as déjà eu recours à la formation continue ? Si non, pour quelles raisons ?

  • Oui, pour approfondir ma connaissance des ateliers pour les adolescents, le décorticage des questions et j’ai encore beaucoup à apprendre.

Peux-tu nous décrire un de tes plus beaux moments en atelier SEVE ?

  • Quand j’apprends par les retours des participants que l’atelier lui a appris à mieux exprimer leurs pensées et lui a apporté de la confiance en eux. Quand j’ai pu proposer à l’un d’eux de prendre le rôle d’animateur. Le moment où ils sortent de la classe après l’atelier et ils continuent à discuter du sujet.

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans l’animation d’atelier SEVE ?

  • M’adapter de façon créative au groupe, me laisser surprendre par les interventions, observer l’évolution du groupe.

Après l’atelier

Après un atelier as-tu un rituel ?

  • Mon debrief personnel.

Est-ce que tu débriefes avec quelqu’un de tes ateliers (famille, ami, pair) ?

  • Avec les éducateurs-trices/enseignants-tes, avec d’autres animateurs-trices SEVE.

Comment pourrais-tu décrire ton évolution en tant qu’animateur.trices d’atelier philo ?

  • Je ne suis pas enseignante et je n’avais pas de compétence en philosophie au début de mon parcours SEVE. Les formations m’ont beaucoup appris, aussi pour conduire la pratique de l’attention. La certification, avec la supervision, était une vraie occasion d’apprentissage en situation. C’était pour moi juste le début.

Selon toi, quelles sont les qualités nécessaires pour animer des ateliers ?

  • L’écoute et le non jugement.

Nous avons tous notre vie à côté de SEVE, nous pouvons être pris par le travail, la fatigue, la vie de famille, des expériences d’animation difficiles… As-tu déjà pensé te retirer ? Si oui, qu’est-ce qui t’a aidé à poursuivre ?

  • SEVE me laisse la liberté d’investir le temps et l’énergie que je peux offrir. Je sais aussi que je suis soutenue par les formateurs-trices/organisateurs-trices si une difficulté se présente. Donc c’est un engagement serein. Les partages avec les autres animateurs-trices me transmettent aussi beaucoup d’enthousiasme.

Quel message as-tu envie de faire passer aux enfants et aux adolescents ?

  • Que chacun a une vision de la réalité qui est relative à son expérience, que parfois certains renferment, et en multipliant les points de vue nous pouvons bénéficier d’une vision plus large.

Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner aux animateurs.trices d’ateliers SEVE?

  • De considérer chaque cycle d’ateliers comme un parcours, peu importe d’où on part et où on termine, ce qui compte est l’expérience faite et ce que chacun-une a pu y trouver.

Aimerais-tu terminer l’interview en mentionnant quelque chose qui te tient à cœur ?

  • Un grand Merci à tous-toutes ceux-celles qui font vivre SEVE.